Le sanctuaire d'Itsukushima jinja 厳島神社 est un sanctuaire shinto situé dans la ville de Miyajima, sur l'île d'Itsukushima, dans la préfecture d'Hiroshima.
Il est dédié aux trois déesses Munakata 宗像三女神 (voir chapitre "sanctuaire principal)
.
Il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1996.
Histoire :
L'île d'Itsukushima, « L'île où cohabitent les hommes et les dieux» est une des nombreuses îles de la partie occidentale de la mer intérieur de Seto 瀬戸内海 entre les iles de Honshû et de Shikoku. Elle possède le point culminant de la région, le mont Misen (530m) et elle est l'objet d'un culte très ancien dans la région.
On pense qu'Itsukushima-jinja fut fondé en 593, bien que son existence ne soit pas confirmée avant 811.
Il devint lieu de pèlerinage sacré durant la période Heian (794-1184).
Saeki Kagehiro, prêtre shinto, rapporta à la cour impériale qu'il avait reconstruit le principal bâtiment du lieu saint en 1168 : à cette occasion, le sanctuaire fut agrandi et la toiture de quelques bâtiments fut changée ; on substitua des toits d'écorces de cyprès du Japon aux toits de bardeaux. Cette reconstruction, que l'on pense avoir été financée par Taira no Kiyomori, 平 清盛 (1118-1181) maitre du pays à l'époque, fut un exemple pour les constructions ultérieures, à la fois pour la taille et la composition
Les principaux bâtiments reconstruits du sanctuaire furent détruits par le feu en 1207, dans la période Kamakura (1185-1332), et reconstruits huit ans plus tard, pour brûler à nouveau en 1223. Cette fois-là, la reconstruction prit plus de temps et ne fut achevée qu'en 1241.
Le Torii 大鳥居
Cet édifice de bois rouge vermillon est un portail shinto qui symbolise la frontière entre monde profane et monde sacré.
Le sanctuaire est doté d'un torii depuis 1168, bien que l'actuel ne date que de 1875.
Autrefois, les pélerinages au sanctuaire d'Itsukushima ne se faisaient qu'en passant par la mer, ce qui explique que ce Torii ait été construit sur l'eau en face du lieu saint.
D'une hauteur de 16 mètres et d'un poids d'environ 60 tonnes, il se compose de 2 grands piliers faits avec des camphriers de 500 à 600 d'âge, avec quatre montants de style ryōbu 両部, ou yotsuashi 四脚, afin de lui donner plus de stabilité.
Grâce à la technique de construction antique japonaise, il ne tient debout que par le poids naturel de ses éléments.
Pour ne pas qu'il pourrisse avec l'eau de mer, on pratique le sugekae 挿げ替え, technique qui consiste à seulement changer tous les 100 ans les parties immergées.
La vue du torii avec en fond le mont Misen, est désignée comme l'une des « trois vues les plus célèbres du Japon » avec le banc de sable d'Amanohashidate et la baie de Matsushima.
Les principaux bâtiments.
Ce complexe est composé du sanctuaire principal et de plusieurs sanctuaires secondaires et autres bâtiments reliés entre eux par de vastes pontons et galeries. L'ensemble s'étend sur la mer de chaque côté du sanctuaire et à marée haute, l'édifice semble flotter sur l'eau.
- La Galerie
Trésor National, Reconnu Bien Culturel Important le 5 Avril 1899, Reconnu Bien Culturel National le 29 Mars 1952
La Galerie s’étend de l’entrée du sanctuaire d’Itsukushima jusqu’au Pavillon de Purification du Sanctuaire Principal (Haraiden 祓殿) en passant par le Sanctuaire Marodo et l’Asazaya (Pavillon pour le service du matin).
Elle mesure 262 m de long et 4 m de large, l’espace entre les piliers est d’environ 2,4 m. De légers espaces entre les lattes permettent de réduire la poussée de l’eau à marée haute et de rejeter les eaux de pluie.
Lors des très hautes marées causées par les typhons, les lanternes de pierre de la plage de Mikasa sont temporairement démontées et apportées dans la galerie pour servir de poids et empêcher le plancher d’être soulevé par les eaux. Aucun clou n’est utilisé sur les lattes.
- Les lanternes des galeries
Les premières lanternes suspendues le long des galeries furent offertes par Terumoto Mori, un petit-fils de Motonari Mori. A cette époque, elle étaient faites de fonte et leur forme était quelque peu différente. Elles sont aujourd’hui exposées au Pavillon des Trésors
Les lanternes que l’on voit actuellement dans le Sanctuaire d’Itsukushima sont faites de bronze et datent de début 1900, elles ont été fabriquées d’après le modèle de celles de 1366
- Haraiden 祓殿 (Pavillon de Purification)
Avant de venir prier, les visiteurs se purifient le corps et l’esprit au Haraisho.
On ne trouve des plafonds que sur certains bâtiments : les pavillons de purification, les sanctuaires principaux, et le sanctuaire Marodo. Il s’agit de plafonds à caisson, voûtés, et quadrillés de poutres.
Le pavillon de purification du Sanctuaire Marodo est différent de celui du sanctuaire principal car le parapet qui l’entoure est ouvert sur la façade avant, laissant ainsi le pavillon ouvert sur la mer.
- Le Sanctuaire Principal : Honden本殿
Trésor National. Classé Bâtiment Spécialement Préservé le 5 Avril 1898. Classé Trésor National le 29 Mars 1952
Le Sanctuaire Principal est dédié aux trois déesses Munakata宗像神: Ichikishima-hime 市杵島姫神, Tagitsu-hime湍津姫神et Tagori-hime田心姫神.
Après la Restauration Meiji, on ajouta au sanctuaire des Chigi (poutres décoratives en forme de croix placées sur les pignons du toit) et des Katsuogi (sortes de bûches placées sur l’arête du toit), ce qui donna à la structure un style architectural typiquement Shinto. Cependant, lorsque d’importantes réparations furent entreprises pendant les époques Meiji et Taisho, on retira ces éléments et le sanctuaire retrouva son apparence d’origine.
Le toit de la salle de culte du sanctuaire est construit en style Mitsumune (à trois arêtes) : si l’on regarde le plafond, on aperçoit trois poutres disposées en parallèle dont deux surelévées qui forment ainsi un creux et deux sommets. Ce style remonterait à la période Nara (710-784).
- Le Heiden 幣殿 (pavillon des offrandes)
Sanctuaire principal, destiné à recevoir les offrandes des fidèles. Il s'agit en général, dans les temples shinto, d'un passage reliant le honden (fermé au public) au Haiden (oratoire).
- Haiden 拝殿 (salle de culte),
- le Hirabutai (plate-forme cérémonielle)
Abrite le takabutai (scène), qui présente des balustrades laquées en vermillon sur ses quatre côtés. Les danses de Cour données sur cette scène ont été introduites de la capitale à l'époque Heian (794-1184), et leur tradition a été maintenue par les prêtres d'ltsukushima pendant plus de huit siècles.
- Higashi-kairo (galerie orientale 東廻廊,
- Nishi-kairo (galerie occidentale 西廻廊
Le complexe sacré du Sessha Marodo-jinja .
Trésor National. Classé Bâtiment Spécialement Préservé le 5 avril 1899.
Classé Trésor National le 29 Mars 1952
Le Sanctuaire Marodo 客神社 est le plus grand Sessha* d’Itsukushima.
Ce sanctuaire, qui dépend de celui d’Itsukushima, est dédié à cinq divinités :
Ame no oshihomimi-no-mikoto 天忍穂耳尊
Ikutsu hikone-no-mikoto 活津彦根命
Ame no hohi-no-mikoto 天菩比神
Ama tsu hiko ne-no-mikoto 天津彦根神
Kumano kusubi-no-mikoto 熊野久須毘命
Son style architectural est similaire à celui du Sanctuaire Principal avec de légères différences au niveau des détails.
Une salle d’isolement est située sur un côté du hall de prière, et une chambre de sutras, dans laquelle les moines récitent les sutras, de l’autre côté.
*Le Sessha se situe juste après le sanctuaire principal en terme de rang et de taille. On les appelle parfois sanctuaires auxiliaires. Ils sont dédiés à une divinité ayant une relation importante avec le dieu ou déesse vénérée dans le Sanctuaire Principal.
La zone renferme des constructions annexes associées au shintoïsme et au bouddhisme, qui sont venues se grouper au cours des siècles autour du célèbre sanctuaire shinto. Ce sont notamment :
Temple de Senjokaku 千畳閣
Le Sanctuaire Toyokuni est dédié au Shogun Toyotomi Hideyoshi豊臣 秀吉 (l’un des 3 unificateurs du Japon au 16ème siècle) et son loyal assistant, Kato Kiyomasa 加藤清正
Les raisons de la construction de ce bâtiment sont clairement expliquées dans une lettre d’Ankokuji Ekei, chef moine du Temple Ankokuji.
En 1587, Ekei demande au Temple Daiganji, temple en charge de le construction et des réparations de Miyajima, ce qui inclue le Sanctuaire d’Itsukushima, de construire une bibliothèque bouddhiste dans laquelle seraient récités des Sutras Senbu-kyo chaque mois.
Les travaux de construction du sanctuaire ont été interrompus au bout d’11 ans, à la mort d’Hideyoshi c’est pourquoi le sanctuaire est resté dans cet état inachevé. Si les travaux avaient pu être menés à terme, on aurait pu voir la grande flamboyance de l’ère Azuchi Momoyama ainsi que le caractère dynamique d’Hideyoshi, comme le montrent en partie les tuiles dorée du toit.
A l’origine, et jusqu’au début de l’ère Meiji, l’autel bouddhiste était consacré au Bouddha Amida et à deux de ses disciples : Anan et Kasho-Sonja. Mais il a ensuite été utilisé pour des rituels shintoïstes.
Le bâtiment est communément appelé Senjokaku « Pavillon des 1000 tatamis », nom qui reflète bien sa position de « plus grande structure de Miyajima ».
La pagode à 5 étages (Gojunoto)
Classé Bâtiment Spécialement Préservé depuis le 7 Avril 1900
La Pagode à 5 Etages fut à l’origine construite en 1407 et restaurée en 1533. Elle est principalement dédiée au Bouddha de la Guérison ainsi qu’à ses disciples Fugen et Monju.
Les statues représentant la divinité et ses disciples ont été retirées pendant l’ère Meiji pour être placées dans le Temple Daiganji.
La pagode a été construite dans son intégralité en style japonais comme en témoignent les capuchons ornementaux, les piliers de rambarde et le placement des chevrons. Cependant l’influence chinoise apparaît dans certaines parties comme le sommet des piliers en bois qui supportent les combles ainsi que dans les queues de chevrons.
On trouve des décorations Giboshi élaborées (décorations ressemblant à des fleurs de poireau) sur les piliers de rambarde du 1er étage, tandis qu’ils sont décorés de Gyaku-ren et Kaika-ren (décorations ressemblant à des fleurs de lotus) du 2ème au 5ème étage.
Quand de grands travaux de réparation ont été entrepris en 1945, la structure a été restaurée de manière à lui redonner son apparence originale en la laquant de vernis rouge.
L’intérieur de la pagode est orné de motifs de bonne augure tels que des dragons, la déesse Kannon, les 8 vues de Shôshô, des fleurs de lotus ou bien encore le sutra Shingon Hasso peint au plafond, sur le mur Raigo (mur qui se trouve derrière la statue de Bouddha) et sur le reste des murs en bois. Ce pendant cette partie n’est pas ouverte au public.
L’une des particularités de cette structure réside dans son pilier central. En effet celui-ci part du sommet du toit et s’arrête au second étage et non pas au niveau des fondations.
Cette structure serait l’une des 5 seules de ce type au Japon.
Elle résiste aux oscillations horizontales provoquées par les séïsmes et les typhons.
La pagode mesure 27,6 m et son toit est couvert de plaques d’écorce de cyprès japonais.
Les noms des donateurs ont été gravés sur chacun des 16 piliers du 1er étage. 14 de ses donateurs étaient des femmes.